Alfred Mongy dans la revue Arts & Métiers Mag n°323 de novembre 2009
Alfred Mongy n'était pas présent à l'inauguration du Grand Boulevard le 4 décembre 1909
Une station à Roubaix porte le nom d'Alfred Mongy
Alfred Mongy à la Société des Sciences de Lille en 1902
Le Haussmann lillois
Sa compétence et son sérieux lui permirent de gravir rapidement les échelons :
- Chef du bureau d'études en 1862
- Chef de service en 1867
- Ingénieur en 1879
- Directeur des travaux municipaux succédant à M. Masquelier
- Directeur du service des transports en 1879
Ces différents postes amènent progressivement Alfred Mongy à s'occuper de près du plan d'ensemble de l'agrandissement de Lille (arrêté préfectoral du 28 avril 1860) et du tramway dès 1865 dans le contexte euphorique du règne de Napoléon III, époque historique de grand développement ferroviaire, industriel, urbaniste, immobilier ...
Après la guerre de 1870-1871, l'activité économique reprend rapidement ses droits ; en 1872 Mongy étudie la création d'un premier réseau de tramways à cheval.
Dix ans plus tard en compagnie de M. Stoclet, il esquisse un large boulevard reliant Lille à ses voisines Roubaix et Tourcoing, avec une emprise ferroviaire.
En 1887, Alfred Mongy quitte les services municipaux pour ceux du Département du Nord. Son activité s'élargit et ses qualités de bâtisseur se révèlent : Lycée Jean Macé sur l'actuel Boulevard Jean-Baptiste Lebas, école Franklin (Boulevard Louis XIV), école St Michel, restauration de la porte de Paris que certains vouaient à la démolition. Il conçoit la Faculté des Lettres, négocie avec l'Armée la création du Bois de Boulogne autour de la Citadelle ...
Pour toutes ces réalisations, bâtiments administratifs, travaux d'assainissement, de viabilité et d'éclairage, Mongy mériterait bien le surnom de Haussmann lillois.
Alfred Mongy dans Pays du Nord de janvier / février 2009
Le Mongy de l'inauguration du Grand Boulevard le 4 décembre 1909
Ci-contre la photo du Mongy dans son état de 1909, cette motrice est classée monument historique.
Le créateur du Grand Boulevard et du tramway
Historique du tramway " Mongy "
L'histoire du Mongy peut être divisée en 5 principales époques.
De l'inauguration en 1909 à 1950
Pendant 40 ans, ce sont les motrices 400 d'origine qui circulent, avec remorque si le trafic est intense. Ces motrices, très modernes, à boggies, à courant continu 600 volts, et prise de courant par perche sur caténaire, sont rapides, spacieuses, fermées (le conducteur est à l'abri des intempéries, ce qui n'était pas fréquent pour les tramways urbains au début du 20e siècle), et chauffées. Les sièges sont de bonne qualité. L'usage de la caténaire et de la voie en site propre (voie métrique), en dehors des autres véhicules, permet une bonne vitesse.
Ce Mongy a été conçu comme un vrai chemin de fer interurbain, et non comme un tram urbain. La compagnie exploitante est l'ELRT (électrique Lille Roubaix Tourcoing), qui exploite aussi d'autres lignes de tramways (puis d'autobus), à Roubaix Tourcoing essentiellement.
Ces motrices 400 seront construites en 35 exemplaires de 1909 à 1926.
Les 2 guerres ont été des moments difficiles.
En 1914-18, la région lilloise était occupée par l'armée allemande, ce qui engendra beaucoup de difficultés pour les tramways : manque d'électricité, de personnel compétent qui était mobilisé,
manque de matériel de rechange. A la fin de la guerre, le réseau était très abimé.
En 1940, les difficultés furent du même ordre. Cependant le trafic du Mongy fut considérable,
En effet l'essence était rare, donc les voitures et autobus ne circulaient quasi plus. Il fallait utiliser les tramways.
De 1950 à 1968
En 1950, la compagnie achète 28 motrices neuves, les 500, très modernes pour l'époque. Elles étaient prévues pour circuler par paire, ce qui ne fut pas vraiment fait. On passe à l'usage du pantographe pour la prise de courant. Quelques 400, rééquipées de pantographes, continueront d'épauler les 500 pendant la décennie 50, surtout sur les lignes de Tourcoing et de Marcq.
En 1956, lors de la fermeture des lignes intérieures à Roubaix et Tourcoing, les petites motrices 200 (de 1936-37), précurseurs des 500, sont réutilisées (et équipées aussi de pantographes) sur le Mongy, pour l'antenne de Marcq.
Le développement considérable de l'usage de l'automobile dans cette période diminue le trafic des tramways. En 1956, on termine de fermer le réseau à voie métrique de Roubaix-Tourcoing (exploité par l'ELRT). En 1966, s'achève la fermeture des trams à voie normale de la CGIT à Lille. Les lignes sont exploités par autobus. Il ne reste plus que le Mongy, comme ultime "survivant" d'un double réseau de tramway considérable. En 1950, le réseau de trams de l'agglomération lilloise était sans doute un des plus important d'Europe.
De 1968 à 1981
La concession de l'ELRT se termine en 1968. Beaucoup souhaitent la disparition du Mongy, déficitaire, et qui empêche d'élargir les chaussées routières du Grand Boulevard. Un large mouvement de protestation aboutit au maintien du tramway, et à la création de la SNELRT (société nouvelle ELRT). Une modernisation des motrices 500 est effectuée. Nouvelles couleurs, nouveaux aménagements intérieurs, et un seul traminot à bord. En effet, auparavant, il y avait un mécanicien (pour conduire) et un receveur (pour vendre et poinçonner les tickets). On montait par la porte arrière du tramway, et on était obligé de passer devant lui pour entrer : fraude impossible et tranquillité du voyageur garanti par cette double présence humaine. Notons malheureusement en 1972 la fermeture de l'antenne de Marcq-en-Barœul
De 1981 à 1994
Les motrices 500 vieillissent, les 200 ne roulent plus, il ne reste que deux 400 utilisées seulement dans des circonstances exceptionnelles (cinéma, voyages associatifs...). Un nouvel exploitant est créé fin 1981 : la COTRALI, par fusion de la SNELRT, et de la CGIT (dernier exploitant des tramways de Lille à voie normale supprimés en 1966, et remplacés par des bus).
Cotrali veut dire : Compagnie des Transports de la Communauté Urbaine de Lille. Le sigle apposé sur les véhicules sera TCC (Transports en Commun de la Communauté). L'avenir du tramway est en balance avec son remplacement par une ligne de métro. Il n'y a pas assez d'argent ni de volonté pour acquérir des motrices neuves. On décide provisoirement d'acheter des tramways allemands d'occasion, du constructeur Düwag. Il s'agit de la série 300. Rouleront 6 motrices simples (une caisse sur 2 boggies), et 34 machines articulées (deux caisses sur 3 boggies). Avec des fortunes diverses. Elles ont permis, par la plus grande capacité des motrices doubles, d'absorber l'augmentation du trafic, engendré par la mise en correspondance du Mongy avec le nouveau métro par le percement du souterrain qui permit au tram d'aller sous la gare de Lille-Flandres. Mais c'étaient des machines presque aussi vieilles que les 500, et malgré une profonde remise à neuf par les ateliers de Marcq, il n'y a pas de miracle. Leur confort et leur fiabilité n'étaient pas tout à fait à la hauteur des attentes des passagers.
La période actuelle
De 1991 à 1994, le Mongy a subi une cure de modernisation radicale. Il a enfin été décidé de le conserver, et d'en faire un système de transport performant, et complémentaire des 2 lignes de métro.
On a tout changé !
La voie et la caténaire ont été reconstruites, la tension a été portée à 750 volts (ce qui empêche malheureusement la circulation à titre touristique ou historique des motrices plus anciennes). Les stations ont été modernisées, certaines ont été mises en souterrain au niveau de carrefours très encombrés. Les terminus ont été modifié (boucles supprimées, mise en correspondance avec le métro). Le gabarit a été élargi, porté à 2m40, en gardant la voie métrique. Et l'on a acheté, en Italie, à la société Breda, 24 nouvelles motrices articulées, de grande capacité, plus longues que ce qui avait roulé jusque là sur le Mongy. On a aussi renforcé l'alimentation électrique par la construction de nouvelles sous-stations (une seule existait auparavant). Et l'on a construit de nouveaux ateliers au lieu-dit "Rouges Barres", au Nord de Lille et l'on a donc fermé les ateliers de Marcq-en-Barœul, qui avaient entretenu tous les Mongys depuis l'origine. En un mot, on a totalement reconstruit le tramway, comme on l'aurait fait s'il n'avait jamais existé. C'est une belle réalisation, qui rend à cette ligne sa modernité dernier cri, comme elle l'avait eu en 1909 à l'origine, ou en 1950 lors de l'acquisition des motrices 500.
Les stations du mongy en 2009
On dénombre 9 stations
- Gare Lille Flandres
- Gare Lille Europe
- Romarin
- Botanique
- Saint-Maur
- Buisson
- Brossolette
- Clémenceau Hippodrome
- Croisé Laroche
On dénombre 14 stations
- Acacias
- Pont de Wasquehal
- La Terrasse
- Wasquehal Pavé de Lille
- Le Sart
- Planche Epinoy
- La Marque
- Clinique du Parc
- Bol d'Air
- Parc Barbieux
- Hôpital Victor Provo
- Jean Moulin
- Alfred Mongy
- Roubaix Eurotéléport
Du Croisé Laroche à Tourcoing :
On dénombre 13 stations
- Foch
- Le Quesne
- Cerisaie Centre d'Affaires
- Château Rouge
- Cartelot
- Grand Cottignies
- Triez
- Trois Suisses
- Faidherbe
- Ma Campagne
- Pont Hydraulique
- Victoire
- Tourcoing Centre