Alfred Mongy dans la revue Arts & Métiers Mag n°323 de novembre 2009

Le groupe Arts et Métiers de Lille Métropole avec le soutien de la Société des Ingénieurs Arts et Métiers participe à différentes manifestations à l'occasion du centenaire du Grand Boulevard de Lille à Roubaix et Tourcoing.
Une occasion pour rendre hommage à l'un de leur célèbre élève, Alfred Mongy était en effet Ingénieur des Arts et Métiers. Il a fait ses études à Châlons-sur-Marne. Il sortira médaillé et quatrième de sa promotion.
Un article, consacré à la vie et l'œuvre d'Alfred Mongy, intitulé " Le Haussmann lillois " est paru dans la revue Arts & Métiers Mag n° 323 de novembre 2009. Voir cet article.

Alfred Mongy n'était pas présent à l'inauguration du Grand Boulevard le 4 décembre 1909




Merci à Christian Canivez qui publie cette mise au point dans la Voix du Nord du dimanche 29 novembre 2009. Cliquez sur les documents pour les agrandir.


Effectivement il peut paraître assez étonnant qu'Alfred Mongy ait été absent lors de l'inauguration de "Son" Grand Boulevard le 4 décembre 1909. 
Mais il sera présent le dimanche suivant pour l'inauguration de "Son" tramway.

Une station à Roubaix porte le nom d'Alfred Mongy

Depuis sa modernisation le Mongy comporte 2 lignes d'une longueur totale de 22 km ainsi que 36 stations. Une de ces stations porte le nom d'Alfred Mongy en hommage à cet ingénieur, elle se situe à Roubaix, rue du Général Chanzy. Alfred Mongy aurait-il pu imaginer que son tramway transporterait en moyenne 8 millions de passagers par an ?

Portraits d'Alfred Mongy

Alfred Mongy à la Société des Sciences de Lille en 1902


Sur ce cliché, Alfred Mongy figure sur l'extrême gauche. Cette photographie a été prise en 1902 à la Société des Sciences de Lille. Alfred Mongy est alors âgé de 62 ans.

Le Haussmann lillois

Le 21 mars 1840, dans le quartier Notre-Dame de la Treille, à 5h du matin, naît un enfant de sexe masculin, prénommé Alfred, Louis. Il est le fils de Louis Mongy, ouvrier fourreur, né lui aussi à Lille, et de Pauline, Catherine, Florentine Lessenne, coutière née à Comines, elle-même fille de Mathias Lessenne, meunier et de Catherine Detrèmeries. Après des études primaires supérieures à Lille, Alfred Mongy entre à l'école des Arts et Métiers de Châlons-sur-Marne en 1856. Deux ans plus tard ce brillant élève muni d'une solide formation, rejoint à 19 ans le service municipal de Lille comme dessinateur. Le 29 avril 1865 il épouse Marie Duhot. De cette union, naît un fils Eugène en 1866.
Sa compétence et son sérieux lui permirent de gravir rapidement les échelons :
- Chef du bureau d'études en 1862
- Chef de service en 1867
- Ingénieur en 1879
- Directeur des travaux municipaux succédant à M. Masquelier
- Directeur du service des transports en 1879
Ces différents postes amènent progressivement Alfred Mongy à s'occuper de près du plan d'ensemble de l'agrandissement de Lille (arrêté préfectoral du 28 avril 1860) et du tramway dès 1865 dans le contexte euphorique du règne de Napoléon III, époque historique de grand développement ferroviaire, industriel, urbaniste, immobilier ...
Après la guerre de 1870-1871, l'activité économique reprend rapidement ses droits ; en 1872 Mongy étudie la création d'un premier réseau de tramways à cheval.
Dix ans plus tard en compagnie de M. Stoclet, il esquisse un large boulevard reliant Lille à ses voisines Roubaix et Tourcoing, avec une emprise ferroviaire.
En 1887, Alfred Mongy quitte les services municipaux pour ceux du Département du Nord. Son activité s'élargit et ses qualités de bâtisseur se révèlent : Lycée Jean Macé sur l'actuel Boulevard Jean-Baptiste Lebas, école Franklin (Boulevard Louis XIV), école St Michel, restauration de la porte de Paris que certains vouaient à la démolition. Il conçoit la Faculté des Lettres, négocie avec l'Armée la création du Bois de Boulogne autour de la Citadelle ...
Pour toutes ces réalisations, bâtiments administratifs, travaux d'assainissement, de viabilité et d'éclairage, Mongy mériterait bien le surnom de
Haussmann lillois.
Extrait de " Le Mongy, Tramway du Nord par Gérard Blondeau aux éditions La Régordane Le Villard BP n°3 48230 Chanac (Mars 1995) "

Alfred Mongy dans Pays du Nord de janvier / février 2009



Voir dans les pages 28 à 32 de la revue Pays du Nord n° 87 de janvier/février 2009, un article (auquel nous avons quelque peu contribué) de Marc de la Bernardière, illustré de photos de Sébastien Jarry, consacré au Grand Boulevard Lille - Roubaix - Tourcoing. Avec des portaits d'Alfred Mongy et de Gabriel Pagnerre.

Le Mongy de l'inauguration du Grand Boulevard le 4 décembre 1909

Félicitations à l'association Amitram (en lien en cliquant sur le titre de ce message) qui depuis 40 ans sauve, répare, entretient et fait vivre ce patrimoine historique que constituent les tramways de notre région.
Ci-contre la photo du Mongy dans son état de 1909, cette motrice est classée monument historique.

Le créateur du Grand Boulevard et du tramway

Alfred Mongy, à qui l'on doit la création du Grand Boulevard, est né en 1840 dans le Vieux-Lille. Très vite, il rejoint les Services Municipaux de la ville, dont il sera le chef au bout de vingt ans de carrière. Tâche non pour le moins délicate, puisqu'il doit prendre en charge les plans d'urbanismes consécutifs à l'agrandissement de Lille de 1858.
Au début du XXe Siècle, Alfred Mongy, ayant quitté les services publics, lance le pari fou de réunir les trois plus grandes communes de l'arrondissement de Lille, au moyen d'un boulevard majestueux.

En 1909, l'inauguration des voies réservées à des tramways spécifiques, que l'on nommera "Mongy", confirme la bonne tenue de ce projet qui s'est concrétisé en un temps record.
A la veille de la première guerre mondiale, Alfred Mongy décède, laissant derrière lui l'une des réalisations les plus audacieuses de l'histoire des transports publics.
Voir le site de Pierre Mahieu http://www.lilledantan.com/urbanisme.htm

Historique du tramway " Mongy "


L'histoire du Mongy peut être divisée en 5 principales époques.

De l'inauguration en 1909 à 1950

Pendant 40 ans, ce sont les motrices 400 d'origine qui circulent, avec remorque si le trafic est intense. Ces motrices, très modernes, à boggies, à courant continu 600 volts, et prise de courant par perche sur caténaire, sont rapides, spacieuses, fermées (le conducteur est à l'abri des intempéries, ce qui n'était pas fréquent pour les tramways urbains au début du 20e siècle), et chauffées. Les sièges sont de bonne qualité. L'usage de la caténaire et de la voie en site propre (voie métrique), en dehors des autres véhicules, permet une bonne vitesse.
Ce Mongy a été conçu comme un vrai
chemin de fer interurbain, et non comme un tram urbain. La compagnie exploitante est l'ELRT (électrique Lille Roubaix Tourcoing), qui exploite aussi d'autres lignes de tramways (puis d'autobus), à Roubaix Tourcoing essentiellement.

Ces motrices 400 seront construites en 35 exemplaires de 1909 à 1926.

Les 2 guerres ont été des moments difficiles.
En 1914-18, la région lilloise était occupée par l'armée allemande, ce qui engendra beaucoup de difficultés pour les tramways : manque d'électricité, de personnel compétent qui était mobilisé,
manque de matériel de rechange. A la fin de la guerre, le réseau était très abimé.
En 1940, les difficultés furent du même ordre. Cependant le trafic du Mongy fut considérable,
En effet l'essence était rare, donc les voitures et autobus ne circulaient quasi plus. Il fallait utiliser les tramways.

De 1950 à 1968

En 1950, la compagnie achète 28 motrices neuves, les 500, très modernes pour l'époque. Elles étaient prévues pour circuler par paire, ce qui ne fut pas vraiment fait. On passe à l'usage du pantographe pour la prise de courant. Quelques 400, rééquipées de pantographes, continueront d'épauler les 500 pendant la décennie 50, surtout sur les lignes de Tourcoing et de Marcq.
En 1956, lors de la fermeture des lignes intérieures à Roubaix et Tourcoing, les petites motrices 200 (de 1936-37), précurseurs des 500, sont réutilisées (et équipées aussi de pantographes) sur le Mongy, pour l'antenne de Marcq.

Le développement considérable de l'usage de l'automobile dans cette période diminue le trafic des tramways. En 1956, on termine de fermer le réseau à voie métrique de Roubaix-Tourcoing (exploité par l'ELRT). En 1966, s'achève la fermeture des trams à voie normale de la CGIT à Lille. Les lignes sont exploités par autobus. Il ne reste plus que le Mongy, comme ultime "survivant" d'un double réseau de tramway considérable. En 1950, le réseau de trams de l'agglomération lilloise était sans doute un des plus important d'Europe.

De 1968 à 1981

La concession de l'ELRT se termine en 1968. Beaucoup souhaitent la disparition du Mongy, déficitaire, et qui empêche d'élargir les chaussées routières du Grand Boulevard. Un large mouvement de protestation aboutit au maintien du tramway, et à la création de la SNELRT (société nouvelle ELRT). Une modernisation des motrices 500 est effectuée. Nouvelles couleurs, nouveaux aménagements intérieurs, et un seul traminot à bord. En effet, auparavant, il y avait un mécanicien (pour conduire) et un receveur (pour vendre et poinçonner les tickets). On montait par la porte arrière du tramway, et on était obligé de passer devant lui pour entrer : fraude impossible et tranquillité du voyageur garanti par cette double présence humaine. Notons malheureusement en 1972 la fermeture de l'antenne de Marcq-en-Barœul

De 1981 à 1994

Les motrices 500 vieillissent, les 200 ne roulent plus, il ne reste que deux 400 utilisées seulement dans des circonstances exceptionnelles (cinéma, voyages associatifs...). Un nouvel exploitant est créé fin 1981 : la COTRALI, par fusion de la SNELRT, et de la CGIT (dernier exploitant des tramways de Lille à voie normale supprimés en 1966, et remplacés par des bus).
Cotrali veut dire : Compagnie des Transports de la Communauté Urbaine de Lille. Le sigle apposé sur les véhicules sera TCC (Transports en Commun de la Communauté). L'avenir du tramway est en balance avec son remplacement par une ligne de métro. Il n'y a pas assez d'argent ni de volonté pour acquérir des motrices neuves. On décide provisoirement d'acheter des tramways allemands d'occasion, du constructeur Düwag. Il s'agit de la
série 300. Rouleront 6 motrices simples (une caisse sur 2 boggies), et 34 machines articulées (deux caisses sur 3 boggies). Avec des fortunes diverses. Elles ont permis, par la plus grande capacité des motrices doubles, d'absorber l'augmentation du trafic, engendré par la mise en correspondance du Mongy avec le nouveau métro par le percement du souterrain qui permit au tram d'aller sous la gare de Lille-Flandres. Mais c'étaient des machines presque aussi vieilles que les 500, et malgré une profonde remise à neuf par les ateliers de Marcq, il n'y a pas de miracle. Leur confort et leur fiabilité n'étaient pas tout à fait à la hauteur des attentes des passagers.

La période actuelle

De 1991 à 1994, le Mongy a subi une cure de modernisation radicale. Il a enfin été décidé de le conserver, et d'en faire un système de transport performant, et complémentaire des 2 lignes de métro.
On a tout changé !
La voie et la caténaire ont été reconstruites, la tension a été portée à 750 volts (ce qui empêche malheureusement la circulation à titre touristique ou historique des motrices plus anciennes). Les stations ont été modernisées, certaines ont été mises en souterrain au niveau de carrefours très encombrés. Les terminus ont été modifié (boucles supprimées, mise en correspondance avec le métro). Le gabarit a été élargi, porté à 2m40, en gardant la voie métrique. Et l'on a acheté, en Italie, à la société Breda, 24 nouvelles motrices articulées, de grande capacité, plus longues que ce qui avait roulé jusque là sur le Mongy. On a aussi renforcé l'alimentation électrique par la construction de nouvelles sous-stations (une seule existait auparavant). Et l'on a construit de nouveaux ateliers au lieu-dit "Rouges Barres", au Nord de Lille et l'on a donc fermé les ateliers de Marcq-en-Barœul, qui avaient entretenu tous les Mongys depuis l'origine. En un mot, on a totalement reconstruit le tramway, comme on l'aurait fait s'il n'avait jamais existé. C'est une belle réalisation, qui rend à cette ligne sa modernité dernier cri, comme elle l'avait eu en 1909 à l'origine, ou en 1950 lors de l'acquisition des motrices 500.

Les stations du mongy en 2009

De Lille au Croisé Laroche :

On dénombre 9 stations

- Gare Lille Flandres
- Gare Lille Europe
- Romarin
- Botanique
- Saint-Maur
- Buisson
- Brossolette
- Clémenceau Hippodrome
- Croisé Laroche




Du Croisé Laroche à Roubaix :

On dénombre 14 stations

- Acacias
- Pont de Wasquehal
- La Terrasse
- Wasquehal Pavé de Lille
- Le Sart
- Planche Epinoy
- La Marque
- Clinique du Parc
- Bol d'Air
- Parc Barbieux
- Hôpital Victor Provo
- Jean Moulin
- Alfred Mongy
- Roubaix Eurotéléport






Du Croisé Laroche à Tourcoing :

On dénombre 13 stations

- Foch
- Le Quesne
- Cerisaie Centre d'Affaires
- Château Rouge
- Cartelot
- Grand Cottignies
- Triez
- Trois Suisses
- Faidherbe
- Ma Campagne
- Pont Hydraulique
- Victoire
- Tourcoing Centre

Crédits et sources

Ce site est constitué à partir de recherches personnelles.
Mes remerciements aux nombreux contributeurs, dont certains souhaitent conserver l'anonymat.
- Société des Ingénieurs Arts et Métiers
- Bibliothèque municipale de Lille Fonds Lefebvre
- Gérard Blondeau
- Pierre Mahieu
- Robert Taymans
- Claude Gay
- Patrick Dufossé
- B. Biard
- Amitram

Alfred Mongy fut ingénieur de la ville de Lille puis du Département et fondateur de l'ELRT (le tramway de l'Electrique Lille Roubaix Tourcoing).

Né en 1840 et mort en 1914, cet ingénieur est surtout célèbre pour l'ouverture le 4 décembre 1909 du Grand Boulevard qui relie Lille à Roubaix et Tourcoing et du tramway qui y circule. En quelques années, le projet fut réalisé, grâce aux travaux menés par Alfred Mongy, à qui l'on doit cette métonymie célèbre et employée au quotidien par des milliers de voyageurs: "Je vais prendre le Mongy". En effet, si les rames utilisées aujourd'hui ont remplacé les anciennes, il n'empêche que le tracé du tramway actuel est quasiment le même que celui qui avait été décidé à l'époque.